Présentation
Aux origines de l'APTEF
En 1976, Fernand Chapey, professeur de philosophie à l'Institut Catholique de Lyon, organise à Chantilly, dans la région parisienne, un colloque interdisciplinaire et interconfessionnel sur la pensée de Tillich dont il avait traduit plusieurs ouvrages. Ce colloque, le tout premier en langue et dans l’aire française fournit l'occasion à ceux qui, en francophonie, s'intéressaient à Tillich de se rencontrer et de nouer des relations à la fois d’amitié et de travail. En 1978, ils créent l'Association Paul Tillich d'expression française (terme préféré, après discussion, à « Association francophone ») à la fois pour faciliter l’organisation matérielle des colloques et pour donner un cadre qui permette de structurer échanges et collaborations. En 1985, sous l’impulsion de Jean Richard (Québec), l’association s’élargit à des canadiens qui lui donnent une nouvelle ampleur et une nouvelle vigueur. Elle a, depuis une vingtaine d’années, développé ou renforcé des relations actives avec les associations américaines, allemandes et brésiliennes. Elle a été présidée successivement par Gérard Siegwalt, professeur à l’Université de Strasbourg, Théo Junker, haut fonctionnaire de l’Assemblée Européenne (tous deux anciens étudiants de Tillich), Marc Boss de l’Institut Protestant de Théologie de Montpellier, Anne-Marie Reijnen de l’Institut Catholique de Paris, Marc Dumas de l’Université de Sherbrooke.
L’Association se donne pour but de promouvoir la connaissance et l’étude critique de la pensée de Tillich ainsi que d’encourager la publication de traductions en français de ses œuvres. Elle se veut un instrument d’information, de partages et de réflexion en commun. Son activité principale a été l’organisation de colloques. Ils ont lieu tous les deux ans, chaque fois dans un lieu différent en France, en Suisse, en Belgique, au Canada ; celui de 2015 à Sherbrooke est le vingt-et-unième. Ils ont joué un rôle important, parce que s’y sont retrouvés de nombreux systématiciens francophones (théologiens, dogmaticiens, éthiciens, philosophes de la religion), qui, à la différence des historiens et des biblistes ont longtemps manqué de moments de rendez-vous dans leur discipline.
Les communications données à ces colloques ont fait l’objet de publication, d’abord sous forme d’articles de revue, ensuite dans des cahiers multicopiés, enfin, à partir de 2001 dans des livres publiés par les éditions Lit. À côté des colloques, l’association envoie sporadiquement à ses membres une lettre, puis un bulletin de liaison. Et voilà que maintenant, après, après quelques tâtonnements, elle se dote d’un site internet. De manière plus ponctuelle, elle a aidé des étudiants dans la préparation de mémoires de maîtrise ou de thèses de doctorat (une documentation importante est à leur disposition à la bibliothèque de la Faculté de Théologie de Montpellier).
En 1978, quand l’Association est créée, Tillich est très peu connu en francophonie (y compris dans les milieux théologiques) et ceux qui s’intéressent à lui sont des isolés. On dispose de peu de traductions de ses ouvrages et les publications le concernant sont rares. Les premiers colloques ont quelque chose de rudimentaire ou d’élémentaire, ils ressemblent à des expéditions de reconnaissance, parfois artisanales, dans un territoire qui reste encore largement à explorer. Petit à petit les choses changent. Tillich entre dans le paysage théologique et philosophique. Les éditions se multiplient (la collection des Œuvres, dirigée par Jean Richard et André Gounelle, comprend 15 volumes et elle se poursuit avec le concours de Marc Boss et Marc Dumas). Les colloques deviennent plus « pointus », plus techniques et largement plurilinguistiques. Ils apportent une contribution non négligeable à la recherche internationale sur Tillich. La période allemande (avant 1933) est de plus en plus prise en compte, alors qu’au début on s’intéressait principalement, presque uniquement, à la période américaine.
Paul Tillich est un des théologiens les plus importants et un des très grands penseurs du vingtième siècle. Beaucoup plus que la plupart de ses contemporains, il reste pertinent pour nos débats actuels et nous aide à comprendre les situations que nous vivons. L’Association ne se consacre pas seulement à une étape passée de l’histoire des idées ; elle entend aussi (et plusieurs des communications aux colloques montrent le bien fondé de cette intention) aider la réflexion actuelle.